À 64 ans, Bruno, jeune retraité dynamique, n’aurait jamais imaginé que le numérique deviendrait un jour son allié le plus précieux. Ancien chef exécutif dans une grande entreprise allemande spécialisée dans la fabrication de fours professionnels, il a passé plus de vingt ans à voyager dans toute l’Europe du Nord, entre démonstrations culinaires et accompagnement de grands comptes. Une vie bien remplie, marquée par le mouvement, les rencontres et la passion du travail bien fait.
Mais en novembre 2022, tout bascule : Bruno apprend qu’il va progressivement perdre la vue. « On m’avait prévenu que, petit à petit, je plongerais dans le noir. » Un diagnostic brutal, une perte de repères, et surtout un combat à mener contre la dépression. Soutenu par sa fille, attachée de presse à Toulouse, il finit par franchir les portes de l’association c’cité, en septembre 2024. Et ce fut une véritable renaissance.
Avant sa perte de vision, Bruno utilisait l’informatique dans un cadre purement professionnel : rapports, mails, suivi client… « Je travaillais sur Mac et sur PC, mais je n’étais pas du tout branché réseaux sociaux ou numérique loisir. »
Aujourd’hui, le numérique est devenu un pilier de son quotidien. Grâce aux ateliers numériques de c’cité, il a apprivoisé les outils d’accessibilité et repris confiance. « La perte de la vue, c’est la première barrière. Se déplacer sur un écran de téléphone, c’était impensable pour moi. Mais ici, j’ai appris, pas à pas. »


Son compagnon indispensable : l’iPhone, et plus précisément VoiceOver, le lecteur d’écran intégré d’Apple. Avec cet outil, Bruno envoie désormais ses messages, passe ses appels, et gère ses applications en toute autonomie. « Avant, je stressais. Aujourd’hui, je sais comment faire, et je reste calme. C’est une vraie victoire. »
Autre alliée du quotidien : Alexa, l’assistante vocale installée par sa fille. « Je l’utilise pour écouter la radio, des podcasts ou des livres audio. Avant, je lisais énormément. Audible m’a permis de continuer à me faire plaisir malgré tout. »
Pour Bruno, les ateliers numériques ne sont pas qu’un espace d’apprentissage : c’est un lieu de vie. « Je viens quatre fois par semaine, surtout pour le contact, la rigolade, et parce qu’on passe de super moments. » Au-delà de la technique, c’est l’ambiance du groupe et le soutien des animateurs qui l’aident à avancer. « Ils sont formidables, à l’écoute, patients. Franchement, je les apprécie énormément. »
Et les progrès sont là : « Je suis beaucoup plus autonome. Chez moi, je me sens bien, même dans le noir. Je gère tout seul. Le numérique m’a vraiment permis d’avancer dans mon handicap. »
« Le numérique fait partie de nos vies »
Lorsqu’on lui demande ce qu’il dirait à une personne déficiente visuelle qui hésite à participer aux ateliers, Bruno répond sans détour :
« C’est un lieu de détente, de rigolade, et surtout on apprend énormément de choses. Le numérique fait désormais partie intégrante de nos vies, alors il faut apprendre à l’utiliser, même avec un handicap, ne serait-ce que pour ne pas se sentir isolé. »
Car au fond, pour Bruno, le numérique n’est pas qu’une technologie : c’est une porte vers la liberté. Grâce à lui, il continue à vivre, à apprendre, à rire, et à rester connecté au monde.
De ses voyages aux ateliers numériques, Bruno a su transformer chaque expérience en source d’enrichissement. Aujourd’hui, il attend avec impatience chaque nouvelle session : « Quand je sais que le lendemain, j’ai le groupe iPhone ou le showdown, je suis comme un gamin. » Le numérique, autrefois simple outil professionnel, est devenu pour lui un levier d’autonomie, un lien social, et surtout un moteur de confiance.
Avec le sourire, Bruno conclut :
« La veille, je suis déjà impatient en pensant que le lendemain, je passerai la journée à l’association. »
